mercredi 9 mars 2011

Le type des haies et des taillis


Le type qui pensait à vivre dans les haies et les taillis. Les fourrés, les haies et les taillis. Il ne se prenait pas pour un oiseau ou un rongeur, non. Il songeait seulement à répondre à un fantasme réactivé à chaque trajet à travers le beau pays de France. Fantasme un peu moins prégnant en ville qu’en campagne, mais tout de même, à Paris aussi, terrains vagues, parcs et jardins, maisons mortes et usines au chômage et « lieux incertains » l’attiraient. L’idée de vivre en marge, en cachette même, et sans responsabilité sociale ou familiale, il le savait, ressort sans doute d’une déplaisante déréliction. Mais il ne pouvait s’empêcher de faire comme s’il étudiait la possibilité de se mouvoir dans tel maquis, d’habiter tel bocage, de se nourrir dans tel parc. Pour l’eau, pas de problème ici, il y a un ruisseau. Il pesait les moyens de se prémunir du froid, et aussi de se dissimuler à la vue des humains, dans telle partie d’une forêt domaniale. Dans les haies et les taillis. La formule avait un côté livre de géographie de cours élémentaire, dans les années 70, les siennes. Faire partie de l’une de ces collections magiques, la faune des bois et des sous-bois, la flore des mares et des étangs, le type des haies et des taillis. 

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